espace blanc

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• PLACE REINE ASTRID •



LA PLACE A L’IDENTITE PERDUE

L’objectif du projet est de rendre au lieu ses qualités qui au fil du temps sont tombées dans l’oubli, dans la banalité.  De prime abord, la place Reine Astrid dégage une sensation de pollution générale due au chaos qui y règne ; les voitures ont pris le dessus sur les personnes, cette place n’est plus qu’une immense ère de stationnement qui nuit à la lisibilité de l’espace public pourtant relativement vaste. Actrice et à la fois témoin du temps qui passe, la place s’est vue profondément marquée par l’introduction des véhicules dans nos vies. Ce changement a affecté sa morphologie, sa fonction et le repère qu’elle constituait pour tous les habitants.
Le traitement dont jouit la place actuellement semble assez timide et tout à fait incapable d’accueillir correctement toute activité à l’échelle de la ville.
Au-delà de sa faiblesse esthétique actuelle, la place Reine Astrid souffre également d’une réelle situation d’isolement et de coupure vis-à-vis du contexte environnant pourtant voué aux échanges en tout genre, et ce malgré une situation urbaine stratégique la plaçant au carrefour des principales artères de la ville. La place semble s’être confortée malgré elle dans un rôle de « résidu urbain » encerclée de toutes parts par des voies qui l’isolent aussi bien visuellement que spatialement de la vie  bouillonnante des alentours. La fluidité des déplacements piétonniers en paye les conséquences et finit par avoir comme résultat une désertion humaine totale de la place. Cette réalité témoigne tristement de la difficulté d’allier les différentes échelles (urbaine locale et urbaine globale) et la facilité avec laquelle tout peut basculer.


CONFRONTATION DE TAILLE

La place Reine Astrid semble à ce jour incapable d’assurer un rôle d’espace transitoire, voir intermédiaire, apte à faire dialoguer entre elles les différentes composantes préexistantes. On passe ainsi des axes les plus importants de la ville à la place, d’une échelle globale à une échelle plus intime, sans aucune gradation spatiale qu’il soit. Une telle situation renforce l’isolement qu’elle connaît alors qu’elle pourrait justement tirer parti de ces importants flux qui irriguent en permanence cette partie de la ville.
Une place qui se dessine en fonction des différents déplacements, un réseau de circulations entrecroisées  où piétons, cyclistes et automobilistes cohabitent ensemble. Une maille de continuités piétonnes multiples ; qui relient trottoirs, passages, ruelles, et entrées, ainsi que de continuités automobiles ; qui préservent les grands axes de Visé et retravaillent les désertes locales.
Parler de la place c’est aussi parler de son environnement proche ; le construit, le bâti, le plein faisant place au vide. La place n’existe que parce que le reste existe. Cette architecture,  caractérisée par des gabarits, des proportions, des couleurs, des textures, ou encore des styles témoins de l’histoire, est justement la responsable de la définition de la place. Les limites sont posées, le travail a effectué se situe dès lors à l’intérieur de ces frontières.


LE PROJET DE LA RECONCILIATION

Le projet d’aménagement se dirige clairement vers une réconciliation des échelles urbaines et leurs acteurs respectifs, qui ont façonné les villes telles que nous les entendons et les comprenons aujourd’hui. Créer une gradation pour contrer la coupure nette que nous connaissons ; l’aménagement envisagé souhaite ainsi répondre aux motivations qui ont donné naissance à ce concours et tenter d’accorder une attention toute particulière aux attentes des riverains qui finalement sont de loin les pièces les plus importantes de ce puzzle urbain. 
Le projet se veut ouvert et empreint d’un souci de dialogue avec l’environnement proche qu’il soit piétonnier ou automobile ; le passé nous a suffisamment démontré qu’un équilibre vaut plus qu’une  majorité écrasante. Sauvegarder une fluidité des déplacements automobiles tout en renforçant la place du piéton au sein de cette scène et redonner ainsi une raison d’être  à tous ces commerces qui apportent tant de vie dans un tel schéma.


ACTIONS REACTIONS

Le projet tente ainsi d’agir suivant plusieurs dispositifs distincts mais tous complémentaires afin de répondre aux carences et attentes exposés ci-dessus.

1. Le projet propose de prolonger l’emprise de la place jusqu’aux pieds des bâtiments situés au sud et à l’ouest de celle-ci en supprimant les voies carrossables. Ce geste permet de disposer d’un arrière plan architectural en total continuité avec la place tel le décor d’une scène pour le théâtre. Une partie des limites de la place glissent ainsi jusqu’au front bâti ce qui peut donner l’opportunité aux différentes activités de coloniser  l’espace et de s’étendre comme par exemple une brasserie qui jouirait d’une nouvelle terrasse.

2.Après avoir rectifié le tracé extérieur de la place comme expliqué au point 1, des grandes lignes directrices rejoignant les nouveaux angles externes de la place sont tracées ; celles-ci créent ainsi de nouvelles zones géométriques plus petites et donc plus faciles à travailler. Ce nouveau schéma de segmentation permet de s’accrocher à de nouvelles références qui donnent naissance à des usages bien définis, une nouvelle logique de pavement et une autre perception de la place.

3. Le parti pris pour ce projet envisage également de ramener sur un même plan horizontal les différents déplacements ; créer une zone de rencontre ou piéton et véhicules cohabitent à un degré identique. La circulation continue de s’organiser en double sens mais au même niveau que celui des piétons. En décloisonnant physiquement les différentes zones de trafic, les automobilistes, cyclistes et piétons cohabitent au sein de l’espace de déplacement, ce qui les oblige ainsi à développer une vigilance et une conscience mutuelle capable d’augmenter le degré de sécurité.

4. La portion d’espace libérée assure une flexibilité d’utilisation de la place. Un grand espace polyvalent est ainsi dégagé pour accueillir manifestations en tout genre comme un marché, un concert, un cirque… Cette entité est délimitée à l’ouest et au nord par un espace ombragé composé d’un simple alignement d’arbres sous lesquels on retrouve une série de bancs publics, tandis qu’à l’est et au sud la place s’étend jusqu’au front bâti comme souligné plus haut.

5. Le projet entend redonner vie à cette place de jour comme de nuit. Un éclairage doux et indirect est proposé à différents niveaux ; un éclairage subtil et non agressif de quelques arbres, des réverbères sur les axes importants de la place, un éclairage intégré dans le mobilier urbain, et enfin un accompagnement des chemins par un fil faiblement lumineux permettant de guider le piéton à travers la place. La section du mur de l’abri souterrain est également marquée par des pavés lumineux, comme pour laisser présente la trace du passé.

6. Un banc est également crée tout spécialement pour ce projet. Composés de trois modules différents, ils permettent de s’asseoir, de s’étendre et également d’accueillir les différentes plantes qui amèneront de la couleur à la place. Ces modules peuvent s’utiliser seuls comme pièce unique et ponctuelle ou comme composants d’un ensemble et former ainsi une suite dynamique. Le banc sera réalisé en béton et revêtu de bois pour marquer les assises. Une tranchée destinée à accueillir un faisceau lumineux sera prévue dans la partie inférieure du banc qui de nuit donnera l’impression de flotter. 

7. L’arborisation des axes urbains majeurs sera renforcée et les quelques arbres existants seront soit conservés ou replantés dans ce nouveau schéma. Les éléments de plus petite importance tels que les plantes ou fleurs diverses qui apportent couleur, gaité et légèreté trouveront leur place dans les espaces spécialement prévu dans les bancs.


UN FUTUR PROCHE

Les places ont toujours été synonymes d’activité, de rencontre, d’échange culturel ou économique, d’animation, de mouvement, de vie… Travaillons ensemble pour qu’il en soit ainsi pour la place Reine Astrid ! Un espace à reconquérir ensemble, à faire évoluer peu à peu. Des usages à inventer, à développer, à retrouver…